Tiers payant: le principal syndicat de médecins rejette le plan des complémentaires
Le président du principal syndicat de médecins, Jean-Paul Ortiz, a réaffirmé mercredi son opposition au tiers payant généralisé, rejetant le plan élaboré par les complémentaires santé pour mettre en oeuvre cette mesure phare du projet de loi santé.
« L’annonce de travaux et d’études pour la création d’un GIE (groupement d’intérêt économique) entre les trois groupes d’assureurs complémentaires ne rassure nullement la CSMF », a indiqué Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français, lors d’un point presse. « Pour nous, c’est vraiment un point dur : on ne veut pas avoir de relation directe avec les assureurs complémentaires imposée par le biais du tiers payant généralisé », a-t-il martelé.
« Socle » du projet de loi de la ministre de la Santé Marisol Touraine, la généralisation de la dispense d’avance de frais à tous les patients d’ici 2017 cristallise les tensions chez les médecins.
Pour garantir et simplifier sa mise en oeuvre, les trois fédérations de complémentaires (Mutualité Française, Centre technique des institutions de prévoyance et Fédération française des sociétés d’assurance) ont annoncé dimanche l’élaboration d’un « dispositif commun » et simple « à co-construire avec les professionnels de santé ».
Parmi leurs propositions: la création d’un serveur permettant au médecin de vérifier les droits des patients lors d’une consultation, et donc de s’assurer qu’il pourra être remboursé simplement. Mais « cela transforme le médecin en contrôleur des droits ouverts et générera immanquablement des incompréhensions voire des conflits avec son patient », a estimé Jean-Paul Ortiz.
Comme alternative au tiers payant, la CSMF propose « un paiement monétique à débit différé » pour la santé. Avec ce système, le patient paierait le médecin normalement par carte bleue mais ne serait débité qu’après avoir été remboursé par l’assurance maladie et sa complémentaire.
« Simple et peu coûteuse », cette solution conviendrait aux banques, désireuses de réduire l’utilisation massive des chèques par les médecins, selon Jean-Paul Ortiz, qui rappelle que seuls 40% de ses confrères sont équipés d’un terminal de paiement électronique.
La proposition de la CSMF sera étudié jeudi par le groupe de travail sur le tiers payant mis en place par la ministre pour réécrire son texte, selon M. Ortiz. La semaine dernière, François Hollande a posé comme condition au tiers payant généralisé la simplicité du mécanisme.