Le travail de nuit a bien un impact négatif important sur la santé, c’est ce que révèle un récent rapport de l’Anses, l'Agence nationale de la sécurité de l'alimentation, de l'environnement et du travail.
Depuis longtemps des études démontrent qu’il existe une surmortalité chez les personnes travaillant de nuit. Cet état de fait n’a pourtant pas empêché de voir doubler le nombre de travailleurs de nuit en seulement vingt ans. L’Anses a donc publié un rapport tentant d’évaluer les risques de ce type d’activité et l’impact réel sur la santé du travailleur de nuit.
Le travail de nuit : un danger pour la santé et les systèmes de santé ?
D’après le rapport de l’Anses, plus de 3,5 millions de personnes travaillaient de nuit en 2012, ce qui représente près de 15,4% des salariés. Un chiffre en constante augmentation, qui interpelle l’agence nationale de la sécurité de l’alimentation, de l’environnement et du travail car le recours abusif du travail de nuit engendrerait des coûts sociaux assez souvent négligés.
Ce rapport confirme clairement que le travail de nuit est nuisible pour la santé, mais également pour les systèmes de santé, car il engendrerait des surcoûts encore difficilement mesurables, mais bien réels au niveau social. Gérard Lasfargues, le directeur de l’Anses regrette que « très peu d’études chiffrent les coûts sociaux du travail de nuit. Ils devraient pourtant être mis en lien avec les gains économiques. Il s’agirait d’estimer le coût supporté par l’Assurance maladie, les coûts en absentéisme mais aussi les coûts induits indirectement comme la nécessité de gardes d’enfants ».
Travail de nuit : des risques réels et suspectés sur la santé
L’Anses distingue trois types de risques dans son étude étayée par des expertises scientifiques :
- Les effets « avérés » : sur le sommeil (somnolence, réduction du temps de sommeil total, etc.)
- Les effets « probables » : sur l’obésité, le diabète, les maladies coronariennes, le cancer, mais aussi sur la santé psychique et les performances cognitives.
- Les effets « possibles » : sur l’hypertension artérielle et les accidents vasculaires cérébraux.
L’étude explique que les travailleurs de nuit sont soumis à une plus grande pénibilité, à des pressions ou des délais plus importants qui amènent une forme de stress récurrent. De plus, les conflits entre salariés seraient plus importants dans les équipes de nuit, les risques d’accidents seraient aussi nettement plus grands, sans parler d’une forme de déconnexion sociale du salarié avec le reste de la population et une plus grande difficulté à bien organiser sa vie personnelle.
L’Anses apporte quelques pistes de réflexion
L’agence rappelle qu’il existe pourtant un cadre légal dans le code du travail, mais pas toujours respecté : «Le recours au travail de nuit est exceptionnel. Il prend en compte les impératifs de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs et est justifié par la nécessité d’assurer la continuité de l’activité économique ou des services d’utilité sociale».
L’Anses recommande donc que la réglementation précise le terme «continuité de l’activité économique», ouvert à toutes les interprétations. Elle préconise aussi de mettre en place une meilleure répartition des horaires et de réaliser un état des lieux des pratiques de terrain, afin de mieux protéger la santé des salariés. Elle juge nécessaire de mettre en place un programme spécial de suivi des personnes ayant travaillé un certain nombre d’années avec ces conditions de travail, afin que ces derniers bénéficient d’un suivi médical adapté pour prévenir les risques sur leur santé.