Apnée du sommeil : des respirateurs inquiètent les associations de malades

Photo d'illustration. Le sommeil Pixabay
Il y a plusieurs mois, Philips annonçait le rappel d’appareils d’aide à la respiration en raison d’un risque de cancer dû à la dégradation d’un composant.
Au mois de juin dernier, au terme d’une étude, le fabricant Philips annonçait sa décision de rappeler 5 millions de respirateurs dont pas moins de 370 000 en France.
La raison ? Une mousse insonorisante entrant dans la composition de ces appareils destinés à lutter contre l’apnée du sommeil. En se dégradant, elle produit de petites particules susceptibles d’irriter les voix nasales, de causer de l’asthme, et de dégager des gaz toxiques potentiellement à l’origine de cancers.
Respirateurs Philips : des inquiétudes
À RMC, l’un de ses utilisateurs partage au micro de RMC son inquiétude sur le lien entre l’appareil et son cancer des ganglions : “J’ai appris par hasard qu’il y avait une campagne de rappel de mon appareil d’apnée du sommeil. Je souhaiterais savoir pourquoi je n’ai pas été contacté depuis le mois de mai par Philips. Je n’ai reçu aucune lettre. Ils étaient au courant. Pourquoi on ne m’a pas prévenu ? Et bien évidemment, la question la plus importante, c’est savoir si la machine est responsable de mon cancer. J’ai l’impression d’être dans un film de science-fiction”.
À ce jour, seuls 25 000 ont été récupérés, d’après les associations de malades. Soit 5% des appareils utilisés sur le marché français. Christian Trouchot, président d’Airas qui est une association d’insuffisants respiratoires, tonne : “C’est un scandale sanitaire qu’on étouffe pour des raisons financières. Philips deviendra le Médiator de la respiration, je le dis haut et fort”.
Philips en situation de monopole
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a réuni en début de semaine les acteurs liées à ce dossier. Si Philips promet le remplacement de l’intégralité des appareils à la fin de l’année 2022, l’ANSM estime que cette perspective est trop lointaine.
Le problème est que Philips est en situation de monopole sur le marché des respirateurs destinés aux très nombreuses personnes qui en ont besoin à domicile. De fait, l’ANSM recommande la poursuite du traitement “compte tenu de l’incapacité du fabricant à remplacer l’ensemble des machines”. Elle parle seulement les symptômes comme “maux de tête, irritation des yeux et des voies respiratoires, toux, pression respiratoire ou infection des sinus”. Même recommandation de la part de la Société savante de pneumologie, qui estime que le rapport bénéfice-risque est en faveur des respirateurs.