Canabis et grossesse favorisent la prédisposition au stress du futur enfant
On le sait, la molécule psychotrope du cannabis traverse la barrière du placenta. Mais stress et anxiété peuvent aussi menacer l'enfant à long terme.
Alcool, tabac, cannabis… Certaines habitudes de consommation ont la vie dure et les arrêter lors de la grossesse peut être difficile, même lorsque la future maman a connaissance des risques. On sait ainsi que les femmes fumant de façon régulière du cannabis pendant la grossesse ont un risque accru d’accoucher prématurément ou d’avoir un bébé de petit poids.
Malgré donc le fait que la plupart des futures mamans ont conscience de la nocivité de ces produits, 20% d’entre elles poursuivent l’habitude fumer du cannabis pendant leur grossesse aux Etats-Unis. Il s’agit la plupart de lutter contre certains désagréments bien connus de la grossesse, comme les nausées et l’anxiété.
Anxiété, agressivité, hyperactivité chez l’enfant
Seulement, lutter contre l’anxiété pourrait bien paradoxalement en induire chez l’enfant à naître. Tel est le résultat d’une nouvelle étude menée par l’Icahn School of Medicine du Mount Sinai Hospital et de l’Université de New York, dont les résultats sont publiés depuis la mi-novembre dans la revue PNAS.
Pour les scientifiques, cette exposition au cannabis dans l’utérus induit chez les enfants à naître des “niveaux accrus d’anxiété, d’agressivité et d’hyperactivité par rapport aux autres enfants qui n’ont pas été exposés au cannabis pendant la grossesse”.
Une étude au long cours
Leurs recherches se sont basées sur l’analyse, depuis 2009, l’expression des gènes placentaires et le comportement, tout comme la physiologie des enfants issus de 322 paires mère-enfant.
À l’âge de 6 ans en moyenne, les taux d’hormones ont été calculés avec des échantillons de cheveux, et des électrocardiogrammes ont été effectués en vue de mesurer la fonction cardiaque pendant une situation de stress. Enfin, le comportement et la fonction émotionnelle ont fait l’objet de questionnaires destinés aux parents.
“Un impact à long terme sur les enfants”
Yasmin Hurd, autrice principale de l’étude, et qui est titulaire de la chaire Ward-Coleman de neurosciences translationnelles et directrice de l’Institut de toxicomanie au sein du Mount Sinai Hospital, résume : “Les femmes enceintes sont bombardées d’informations erronées selon lesquelles le cannabis ne présente aucun risque, alors que la réalité est que le cannabis est plus puissant aujourd’hui qu’il ne l’était il y a seulement quelques années. Nos résultats indiquent que sa consommation pendant la grossesse peut avoir un impact à long terme sur les enfants”.
La spécialiste ajoute que cette étude relance le besoin “d’une éducation et d’une sensibilisation non biaisées du public et de certaines populations vulnérables de femmes enceintes concernant l’impact potentiel de la consommation de cannabis”.