Fukushima : bataille d’experts autour du nombre de cas de cancers de la thyroïde
Chiffres terrifiants pour les uns, « surdiagnostic » pour les autres… le nombre de cas de cancer de la thyroïde développés par les enfants après la catastrophe nucléaire de Fukushima divise les scientifiques.
Jeudi, nous vous faisions part du nombre de cas de cancers attendus au Japon après l’accident de Fukushima. Mais parmi ceux-ci, il est un qui provoque une vive polémique, et c’est celui qui concernant le cas de cancer de la thyroïde qui touchent les enfants de la région ayant subi les radiations.
Fukushima : les données de la campagne de tests…
Aussitôt après l’accident survenu le 11 mars 2011, l’archipel nippon avait mis en place une campagne de dépistage en direction de quelque 300.000 enfants. Et ce sont les données qui sont issues de cette première vague de tests,jusqu’à celles datant d’avril de l’année dernière, qui ont alimenté la polémique relevée par la revue Science.
Les résultats des tests révèlent que la moitié des enfants font l’objet d’anomalies thyroïdiennes, telles que des kystes ou des nodules. A l’aune de ces résultats, des scientifiques de l’Université d’Okoyama avaient lié ces anomalies à un risque de développer ce cancer spécifique 30 fois supérieur à la normale.
… et la polémique qui s’ensuit
Cependant, d’autres scientifiques viennent remettre en cause cette prévalence. Ils tiennent d’abord à mettre en regard des tests accomplis avec du matériel hautement qualifié à un diagnostic, avec ceux obtenus dans un cadre plus classique. Comme il paraissait à peu près évident qu’avec le matériel adéquat, un nombre plus important de lésions serait relevé, ils ont reconduit l’expérience. A l’issue de celle-ci, les conclusions faisaient état de résultats plus proches de ceux de la moyenne nationale.
Selon Kenji Shibuya de l’Université de Tokyo, il ne fait nul doute qu’il y a eu « surdiagnostic et surtraitement ». « Il est inapproprié de comparer les données provenant du programme de dépistage de Fukushima avec les données du registre du cancer du reste du Japon, où il n’y a, en général, pas de dépistage à grande échelle », résume quant à lui un épidémiologiste de Manchester en Grande-Bretagne.