Hausse des hospitalisations liées aux effets indésirables médicamenteux entre 2007 et 2018
L'Agence nationale de sécurité du médicament estime par ailleurs que 16% des accidents peuvent être évités.
Le 18 mai dernier, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a reçu les résultats d’une étude menée par le réseau des 31 centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV).
Elle révèle que le taux de prises en charge hospitalières en lien avec un effet indésirable médicamenteux est passé de 3,6% à 8,5% en 10 ans (entre 2007 et 2018).
Une même tendance dans d’autres pays
L’étude de 2018 a été comparée avec celle datant de 2007, dans le Figaro. Il en ressort donc une forte augmentation du nombre de personnes affectées, c’est-à-dire 144 000 en 2007 contre 212 500 en 2018. La pharmacologue qui a mené cette analyse, la Pre Marie-Laure Laroche, et qui travaille au centre régional de pharmacovigilance (CRPV) de Limoges, résume : « Il s’agit d’une tendance observée dans d’autres pays, mais nous n’avons pas d’explications claires ».
Quoi qu’il en soit, la raison liée à une consommation de médicaments peut être écartée, étant donné que celle-ci a baissé. Une population plus âgée peut-être ? Non plus, car le taux d’accidents médicamenteux chez les personnes âgées ne bouge pas. En 2007, la hausse des hospitalisations impliquait particulièrement des anticoagulants à prise orale mais ni cette famille de médicaments ni les nouvelles classes mises sur le marché entre temps n’occupent « une place particulièrement importante en termes d’effets indésirables au regard de leur prescription ». Autrement dit, mystère et boule de gomme.
Un accident sur six évitable
Autre constat de la dernière étude : 16% des accidents auraient pu ne pas se produire, soit 34 000 hospitalisations par an. Et contrairement à la tendance que nous venons d’évoquer, il n’y a pas de mystère. En effet, il suffirait de suivre scrupuleusement les consignes d’utilisation des médicaments ou les recommandations des sociétés savantes.
Le Pr Dominique Deplanque, président de la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT), a quant à lui réagi : « Le suivi des recommandations est d’autant plus important chez les personnes âgées (…) il faut être particulièrement attentif à la pertinence du traitement et aux risques chaque fois que l’on ajoute un médicament sur une ordonnance. Cette étude est un signal pour les prescripteurs, mais aussi pour les professionnels de santé qui suivent les prescriptions ».
Ce que réclament les auteurs de l’étude, c’est l’instauration d’actions concertées visant à la sensibilisation des médecins, patients mais aussi des laboratoires contre les dangers de la mauvaise utilisation des médicaments.
📢 Communication des résultats de l'étude IATROSTAT sur la iatrogénie médicamenteuse en France
🔶️ Les hospitalisations pour effet indésirable médicamenteux en hausse et certaines évitables
➕️ d'info ⤵️ pic.twitter.com/Q6ik5exoib
— Réseau Fr CRPV (@Reseau_CRPV) May 18, 2022