La dernière épidémie de grippe serait responsable d’une surmortalité de 18.000 morts
Les chiffres officiels de l’épidémie de grippe qui a frappée la France l’hivers dernier ont été publiée aujourd’hui par l’Institut de veille sanitaire les chiffres sont pour le moins alarmant et posent de nombreuses questions sur la qualité et l’efficacité des campagnes de prévention. En France, aucune région n’a été épargnée. 90% des personnes décédées sont âgées de plus de 65 ans. Cette épidémie a contribué à une surmortalité hivernale record de 18.300 décès.
Plus de 30.000 personnes aux urgences pour 3.000 hospitalisations
Dominée par des virus A/H3N2 (dont une partie n’était pas couverte par le vaccin), l’épidémie a conduit 2,9 millions de personnes à consulter pour syndrome grippal. En première ligne des victimes, les plus de 65 ans, qui représentent 90% de cette surmortalité record, toutes causes confondues, enregistrée durant les neuf semaines de l’épidémie (entre les semaines du 12-18 janvier et du 9-15 mars 2015).
“La grippe, c’est une maladie grave chez les personnes âgées”, rappelle le Dr François Bourdillon, directeur général de l’InVS. L’épidémie a eu un “impact important” : près 30.000 passages aux urgences ayant entraîné 3.133 hospitalisations, dont 47% chez les plus 65 ans.
Une surmortalité, avec un excès de 90.000 décès, a également été observée dans 13 des 15 pays participant au projet européen de surveillance de la mortalité. Mais les comparaisons scientifiques sont difficiles à établir, faute de disposer de certaines données comparables (durée de l’épidémie, pourcentage des + 65% dans la population par région et/ou pays…), explique le Dr Bourdillon.
Un virus plus agressif et plus virulent
“Ce n’est pas la plus forte des épidémies de grippe par rapport aux 30 dernières années”, relève cependant le Dr Bourdillon, même si son ampleur est l’une des plus élevées (14e rang) observée sur cette longue période. “Par contre, avec le virus H3N2, les épidémies sont plus graves et donnent plus de complications chez les personnes âgées, notamment chez celles souffrant déjà d’autres maladies”, poursuit-il.
Selon une modélisation InVS, sur la période 2000-2009, en épidémie normale, si l’on avait 75% de vaccinés chez les +65 ans on éviterait 3.000 décès sur la mortalité hivernale”, selon le patron de l’InVS. Dans les collectivités de personnes âgées/Ehpad (maisons de retraite), plus touchées que les hivers précédents, le nombre de grippés hospitalisés (7%) ou décédés (3%) est resté stable, malgré “un virus plus agressif et plus virulent”.
“C’est un premier élément d’efficacité de la prévention dans les Ehpad, grâce aux vaccins (83% des résidents âgés vaccinés) et aux mesures +barrières+ utilisées par le personnel (gel hydroalcoolique, masques…)”, note-t-il.