Les personnes les plus exposées à la pollution automobile ont un risque de cancer des poumons accru de 30%
L’exposition élevée et prolongée au carbone suie augmenterait les risques de développer tout type de cancer de 20% selon une nouvelle étude.
D’après les données de Santé publique France, on dénombrait en 2016 plus de 48 000 décès prématurés causés par la pollution atmosphérique. A titre de comparaison, 73 000 personnes mourraient du tabac en 2013 dans le pays et 41 000 à cause de l’alcool en 2015. Des chercheurs de l’ Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ont récemment décidé de mener des recherches afin d’étudier les différents composés de la pollution affectant la santé.
Publiés dans la revue Environmental Health Perspective le 24 mars 2021, les travaux montrent que l’exposition au carbone suie, soit les combustions incomplètes liées par exemple au trafic automobile, augmente le risque de développer un cancer du poumon.
Une étude à grande échelle pour évaluer les effets de la pollution sur la santé
Afin de mener à bien leur étude, les chercheurs de l’Inserm ont décidé d’évaluer la relation entre l’exposition au carbone suie à long terme ainsi que le cancer du poumon. Les travaux se sont ainsi appuyés sur une cohorte de 20 000 personnes suivies chaque année depuis l’année 1989. L’Inserm explique ainsi dans un communiqué « Sur la base de ces données, les chercheuses et leurs collègues ont déterminé le degré d’association entre niveau de pollution au domicile des participants depuis 1989 et risque de développer un cancer en général ou un cancer du poumon en particulier ».
L’institut suggère d’ailleurs que « plus les niveaux d’exposition au carbone suie au domicile des participants étaient élevés, plus le risque de cancer du poumon était accru – et ce, indépendamment du niveau d’exposition aux particules fines ». L’étude souligne que les personnes les plus exposées depuis 1989 avaient un risque de cancer en général accru d’environ 20% par rapport aux moins exposées. Concernant le cancer du poumon, ce sur-risque atteignait les 30%.
Bénédicte Jacquemin, dernière auteure de l’étude, précise ainsi l’apport de ces résultats « Au niveau individuel, il est difficile de recommander des mesures qui peuvent être prises pour limiter l’exposition au carbone suie des particules de l’air ambiant. Néanmoins, il est possible d’ajuster les politiques publiques si l’on arrive à montrer quels sont les polluants les plus nocifs dans la pollution de l’air. Nous espérons donc que nos résultats participeront à étendre les connaissances pour orienter et affiner ces politiques, par exemple en prenant des mesures spécifiques contre le carbone suie qui vient principalement du trafic automobile ».