L’injonction au bonheur a des effets négatifs sur la santé mentale

Photo d'illustration. Un couple heureux.4993578 / Pixabay
La pression sociale, selon une équipe internationale de chercheurs, ne permettrait pas d'atteindre le bien-être, au contraire.
Une étude internationale menée par Brock Bastian, professeur de psychologie à l’université de Melbourne (Australie), et Egon Dejonckheere, professeur assistant à l’université de Tilbourg (Pays-Bas), s’est penché sur question de savoir si les habitants de pays “les plus heureux” étaient pour autant épanouis.
Mais quels sont-ils, au fait ? D’après le World Happiness Report de 2021, Finlande, Danemark, Suisse, Islande et Pays-Bas étaient en haut du classement.
Un bien-être individuel “compromis”
C’est dans la revue Scientific Reports que leurs conclusions ont été relayées le 17 février dernier. Pour les besoins de cette étude, près de 7 500 personnes originaires de 40 pays ont été interrogées. Le but était de les interroger au sujet de leur sentiment de bien-être émotionnel, leur degré de satisfaction à l’égard de leur vie et leur santé mentale. Puis, ils devaient indiquer s’ils ressentaient une “pression au bonheur”.
Résultat ? “Le bonheur est une expérience précieuse, et les sociétés veulent que leurs citoyens soient heureux. Bien que cet engagement sociétal semble louable, le fait d’insister excessivement sur la positivité peut créer une norme émotionnelle inaccessible qui, ironiquement, compromet le bien-être individuel”, résument-ils.
Une injonction contre-productive
En d’autres termes, à la pression ressentie par les personnes pour être heureuse correspondait un bien-être insuffisant dans les pays présentant un taux de bonheur plus important. Ainsi, les personnes affirmant faire l’objet d’une pression les poussant au bonheur ont tendance à présenter des “déficits de santé mentale” : émotions négatives et présentent des niveaux plus élevés de dépression, d’anxiété et de stress.
Les auteurs de l’étude résument : “Nos résultats soulignent le lien entre l’évaluation des émotions sociales et le bien-être individuel, et suggèrent que des niveaux de bonheur nationaux élevés peuvent avoir des inconvénients pour certains”.
Et ils ajoutent : “À un niveau personnel, exprimer son bonheur est une bonne chose. Mais, comme l’ont montré d’autres recherches, il est parfois bien d’être sensible à la façon dont notre expression d’émotions positives peut affecter les autres. S’il est bon de faire preuve de bonheur et de positivité dans nos interactions sociales, il est également bien de savoir quand se faire plus discret, et ainsi éviter d’aliéner ceux qui ne partagent peut-être pas notre joie du moment”.