Pologne : 3 femmes d’ex-présidents combattent pour le droit à l’avortement
Les femmes de 3 anciens présidents polonais combattent contre une proposition de loi visant à interdire presque totalement l’avortement en Pologne.
La Pologne est-elle à un tournant de son histoire en ce qui concerne le droit à l’avortement ? Alors qu’un projet de loi en faveur d’un durcissement des conditions (déjà très strictes) de l’IVG dans le pays est à l’étude, de nombreuses manifestations ont lieu dans le pays pour militer contre ce dernier. Un mouvement de protestation qui vient de prendre davantage de poids depuis que 3 femmes d’ex-présidents du pays l’ont rejoint.
Une lettre ouverte contre l’interdiction de l’IVG
Danuta Walesa (épouse de Lech Walesa, président de 1990-1995), Jolanta Kwasniewska, épouse d’Aleksander Kwasniewski (1995-2005), et d’Anna Komorowska, épouse de président Bronislaw Komorowski (2010-2015), voici les trois femmes qui pourraient bien incarner la lutte contre l’interdiction de l’IVG en Pologne.
Dans une lettre ouverte publiée mardi, les ex-premières dames dénoncent le projet de loi et relayé par nos confrères de 24Matins. « Tout avortement est un drame. Mais on ne peut aggraver le drame des femmes en les forçant à accoucher d’un enfant conçu lors d’un viol, ou de risquer leur vie et leur santé, voire celles de leur enfant » peut-on lire dans le communiqué.
La puissance de l’Église
Depuis 1993, l’Église et l’État ont scellé un « compromis » en faveur de l’IVG. Cette dernière est possible dans trois cas précis, à savoir lorsqu’il y a risque pour la vie ou la santé de la mère, un examen prénatal indiquant une grave pathologie irréversible chez l’embryon et une grossesse résultant d’un viol ou d’un inceste.
Les organisations anti-avortement très proches de l’Église catholique ont soumis un nouveau projet de loi durcissant ces conditions et l’IVG deviendrait interdite en cas de viol ou de malformation du fœtus, et uniquement autorisée pour préserver la vie de la mère. Le projet prévoit également que la peine maximale pour la personne qui pratique l’avortement soit étendue à 5 ans de prison, contre 2 ans actuellement.
Selon les estimations des organisations féministes, entre 100.000 et 150.000 femmes ont recours à l’IVG chaque année. Un acte qu’elles pratiquent soit clandestinement en Pologne, soit dans des cliniques allemandes, slovaques ou autrichiennes. Le nombre d’avortements autorisés en Pologne est compris entre 700 et 1.800 par an.