Pourquoi certains attirent-ils davantage les moustiques ? Les scientifiques lèvent le voile sur ce mystère

Image d'illustration. Moustique tigre en plein repas sur une peau humaineADN
Certaines personnes semblent attirer irrésistiblement les moustiques, au point de se faire piquer bien plus que d’autres. Des chercheurs ont enfin identifié le facteur clé qui explique pourquoi certains individus sont davantage pris pour cible par ces insectes.
Tl;dr
- Certains humains attirent beaucoup plus les moustiques.
- Des acides gras cutanés expliquent cette attirance accrue.
- Le système olfactif du moustique reste très complexe.
Moustiques : une préférence pour certains humains
Pourquoi certaines personnes semblent-elles se faire littéralement dévorer par les moustiques, tandis que d’autres sont à peine inquiétées ? Une question qui taraude bien des estivants, et à laquelle la science apporte aujourd’hui des réponses étonnamment précises. Des chercheurs du laboratoire de neurogénétique de The Rockefeller University, menés par Leslie Vosshall, ont mis au jour un facteur déterminant : la concentration d’acides carboxyliques produits à la surface de notre peau.
Un « tournoi » pour départager les cobayes
Pour comprendre ces préférences, une expérience inédite a vu le jour. Huit participants ont porté des bas en nylon sur leurs avant-bras pendant six heures, plusieurs jours durant. Ces échantillons anonymes ont ensuite été opposés lors d’un tournoi inédit dans un olfactomètre, où des moustiques de l’espèce Aedes aegypti — vecteurs majeurs de maladies comme la dengue ou le Zika — devaient choisir entre deux odeurs humaines. Le résultat ? Le « sujet 33 » est devenu une véritable star, attirant jusqu’à cent fois plus de moustiques que le participant le moins populaire, baptisé « sujet 19 ». Ce phénomène n’a rien d’anecdotique : « C’était évident dès les premières secondes d’observation ; c’est un effet massif », commente Maria Elena De Obaldia, co-auteure de l’étude.
L’empreinte chimique unique de chaque peau
L’équipe a analysé minutieusement les composés présents dans le sébum des différents sujets et identifié près de cinquante molécules différenciantes. Les personnes qualifiées de véritables « aimants à moustiques » présentaient toutes un taux élevé de certains acides gras spécifiques. Plus frappant encore, ce profil chimique semble stable dans le temps : même après plusieurs années, les mêmes individus restaient irrésistibles aux moustiques.
Dans ce contexte, il est tentant de dresser une liste des croyances populaires réfutées par ces résultats :
- Groupe sanguin
- Consommation d’ail ou de bananes
- Taux de sucre dans le sang
- Sexe ou âge du sujet
Aucune n’apparaît réellement déterminante selon l’équipe scientifique.
Moustiques et odorat : un système à toute épreuve ?
En tentant d’altérer génétiquement les récepteurs olfactifs des insectes pour réduire leur appétence humaine, les chercheurs ont découvert que le système sensoriel du moustique reste remarquablement robuste. Même privés d’un jeu complet de récepteurs (Orco ou IR), ils conservent leur capacité à repérer et préférer certaines peaux humaines.
Peut-on alors tromper ces chasseurs ailés ? Peut-être en modifiant notre microbiome cutané grâce à des interventions ciblées — mais cette piste demeure hautement spéculative pour l’instant. « L’idée serait d’inoculer sur la peau des bactéries capables de modifier cette signature olfactive. Mais cela reste à prouver… », glisse prudemment Vosshall. Une chose est sûre : la guerre entre l’homme et le moustique ne fait que commencer.
