Prévenir plutôt que guérir : la stratégie des spécialistes face à la démence
Selon une étude majeure publiée le 31 juillet 2024, nous pourrions prévenir des millions de cas de démence en luttant contre des facteurs tels que le tabagisme et la pollution. Devrions-nous repenser notre approche de la prévention en matière de santé publique?
TL;DR
- Prévention cruciale pour éviter des millions de cas de démence.
- Risque de démence lié à 14 facteurs modifiables, dont tabagisme et pollution.
- Recherche actuelle insuffisante pour développer un traitement efficace.
La démence : une lutte axée sur la prévention
Les chercheurs soulignent de plus en plus l’importance de la prévention pour réduire les millions de cas de démence. Une vaste étude menée par The Lancet le confirme : adapter certains comportements, comme le tabagisme ou réduire la pollution, pourrait prévenir un grand nombre de cas.
Le risque de démence : 14 facteurs modifiables
En 2020, une première analyse évaluait qu’environ 40% des cas de démence étaient directement liés à 12 facteurs de risque variés, notamment : le faible niveau d’éducation, les problèmes d’audition, le tabagisme, l’obésité, la pollution aérienne, la dépression, l’isolement social, les traumatismes crâniens, et l’hypertension.
Selon les dernières recherches, la détérioration de la vision jusqu’à la cécité, et un taux de cholestérol élevé pourraient également être des facteurs prédisposants. Ainsi, « près de la moitié des démences pourraient théoriquement être évitées en éliminant ces 14 facteurs de risque », estiment les auteurs.
La lutte contre la démence : un traitement efficace reste à venir
Malgré des décennies de recherche, il n’existe toujours pas de traitement efficace pour les démences. Deux médicaments, le lecanemab de Biogen et le donanemab d’Eli Lilly, ont été récemment approuvés aux États-Unis. Ces traitements ciblent la formation de plaques amyloïdes dans le cerveau, un des principaux mécanismes de la maladie d’Alzheimer. Toutefois, leurs effets restent modestes, leurs effets secondaires lourds, et leur coût élevé.
Le professeur et neurologue Masud Husain pense que la prévention est une option peu coûteuse et plus rentable, comparée à l’investissement dans des traitements qui pour l’heure se sont révélés décevants.
Les limites des mesures préventives
Des voix dans la communauté scientifique appellent à la prudence, en rappelant certaines limites de l’analyse. Il reste en effet difficile d’établir une corrélation directe et causale entre ces facteurs de risques et le développement de la démence.
De plus, des éléments tels que la génétique peuvent rendre certains cas de démence inévitables. Il est donc primordial de sensibiliser la population à ces facteurs modifiables pour combattre efficacement la démence tout en évitant que ces informations ne soient perçues de manière culpabilisante par certains patients.