Prix des médicaments: des écologistes appellent à une “opération mains propres”
La députée européenne Michèle Rivasi (EELV) a lancé lundi un appel pour “une opération mains propres sur la santé” dénonçant une “généralisation de la corruption” dans la filière du médicament, dont la réforme permettrait, selon elle, quelque 10 milliards d’euros d’économies à la Sécu.
“Le système est complètement pourri, vérolé par l’argent donné par les laboratoires pharmaceutiques”, s’est indignée Michèle Rivasi lors d’une conférence de presse, aux côtés notamment du député Noël Mamère et de la sénatrice Aline Archimbaud. “Nous voulons tout remettre à plat”.
“Les laboratoires dictent leurs prix (…) Ils achètent tout le monde, les experts, les médecins, qui sont des leaders d’opinion et qui vont véhiculer un médicament plutôt qu’un autre”, s’est indignée Mme Rivasi.
Elle a également fustigé les liens entretenus par certains anciens ministres de la Santé avec l’industrie pharmaceutique et l’opacité du comité économique des produits de santé (CEPS), qui fixe les prix des médicaments et les négocie avec les laboratoires.
Conséquence de ces conflits d’intérêts, les prix du médicament sont “prohibitifs” en France par rapport aux pays voisins, selon une étude de Serge Rader, pharmacien signataire de l’appel.
Selon lui, les dépenses de médicaments atteignaient 18 milliards d’euros en Italie en 2013, contre 34 milliards en France, “soit 70% de plus à populations égales et pour les mêmes résultats sanitaires”.
Par exemple, la boite de trente comprimés de Gleevec du laboratoire Novartis, un anti-leucémique, coûte 501 euros en Italie, contre 2.300 euros en France, d’après Serge Rader, qui évalue l’économie potentielle pour la Sécu à 79 millions d’euros pour ce traitement.
“Les prix hors taxes des génériques sont supérieurs en France de 30% en moyenne à ceux pratiqués en Italie”, et “les génériques sont deux fois moins prescrits en France qu’en Angleterre, aux Pays-Bas ou en Allemagne”, affirme-t-il.
“Déçue” par les mesures du précédent gouvernement en matière de transparence et par le site lancé en juin par l’actuel pour recenser les liens d’intérêt entre les entreprises et les professionnels de santé, Michèle Rivasi réclame une plateforme affichant le montant des rémunérations des médecins par les labos.
Outre une plus grande transparence, l’appel préconise des sanctions plus dures envers les laboratoires réfractaires et la généralisation des génériques.
Michèle Rivasi plaide également pour un prix européen du médicament et pour le recours au système des licences d’office en cas d’épidémie.
Ce système qui permet à l’Etat d’utiliser un brevet pour produire des génériques, avait été réclamé par les associations fin 2014 pour le Sovaldi, un traitement innovant contre l’hépatite C au prix exorbitant (41.000 pour 12 semaines).
La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2015 prévoit près d’un milliard d’euros d’économies avec la baisse des prix de médicaments et le développement de génériques.