Le plus singulier de tous les régimes alimentaires passe par la consommation crue des denrées alimentaires. Pour diverses raisons.
Adopté par une frange réduite de la population et considérée comme naturelle, l’alimentation crue garde une place particulière au sein des régimes alimentaires.
Un régime singulier
Le crudivorisme, comme son non l’indique, définit un régime où l’ensemble des aliments sont mangés cru, c’est-à-dire sans cuisson au préalable. On considère généralement qu’à part de 42 degrés, les aliments commencent à cuire, perdant de fait des nutriments, transformant leurs textures et leurs saveurs. Ce régime s’inscrit la plupart du temps au sein des régimes végétaliens : la consommation de viande crue n’étant pas conseillée, le lait étant pasteurisé et les fromages considérés comme des produits transformés, ce régime s’appuie principalement sur une alimentation à base de fruits, légumes et légumineuses.
Pour faire la distinction entre les aliments utilisés par les crudivores et ceux qui sont proscrits, on parle aussi d’ « alimentation vivante », qu’on oppose par exemple à la viande et au poisson, chair morte d’animaux qu’on peut moins poétiquement mais plus lucidement appeler cadavres.
Avantages et inconvénients
Le régime crudivore a pour avantage de préserver la vitamine C et les substances antioxydants, qu’une cuisson détruit partiellement et prévient le développement de substances cancérigènes se formant lors d’une cuisson à haute température. L’acrylamide, classé cancérigène probable par le Centre international de recherche sur le cancer, et se développant lors des cuissons supérieures à 120 degrés Celsius (friture, rôtissage, four) fait partie de ces substances novices ainsi évitées. Selon des études, le régime crudivore permet cependant la perte de poids et réduit la résistance à l’insuline, directement corrélée au développement de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires, grâce à la réduction de la densité de produits terminaux de glycation présents dans les aliments.
Contrairement aux régimes végétarien et végétalien, le régime crudivore n’est pas considéré comme permettant de répondre aux besoins nutritionnels des nourrissons et des enfants par l’Académie de nutrition et de diététique américaine. Au rang des inconvénients, on peut également relever que la cuisson préalable des aliments, si elle détruit partiellement certains nutriments, facilite également leur assimilation par le corps humain et détruit les éléments allergènes et pathogènes.
Un autre désavantage, outre l’aspect nutritionnel, peut-être d’apprendre une nouvelle cuisine, de nouvelles façons de faire ses courses, de chercher des accords entre les mets, et de ne pouvoir suivre ce régime lorsqu’on mange hors de chez soi, que ce soit avec des proches ou au restaurant. Il ne faut pas ignorer non plus la possible pression sociale de se conformer au régime dominant, omnivore.
Pourquoi opter pour une alimentation crue ?
De multiples raisons peuvent pousser à passer à un régime crudivore : la croyance en une alimentation perçue comme « plus naturelle » est la première d’entre elles. Plutôt que d’avoir recours à des produits (industriels) transformés, à des plats préparés ou à des conserves, on peut dès lors se tourner uniquement vers les fruits et légumes. Pour la même raison, le régime crudivore est connoté plus écologique : l’industrie agro-alimentaire étant la première cause de pollution dans le monde, avec une part importante attribuée à l’élevage, se passer de viande et de lait revient à ne plus participer à la destruction de l’environnement. Les crudivores optent également pour d’autres modes de consommation : le circuit-court notamment, qui permet de diminuer l’empreinte écologique des denrées alimentaires, l’agriculture biologique également pour les dégâts moindres aux parcelles exploitées (le recours aux produits phytosanitaires étant moindre), et le respect de la saisonnalité, ce qui signifie que consommer des produits locaux vient aussi avec ses contraintes — on ne mangera pas de fraises l’hiver, mais on peut rester en cohérence avec ses choix.
On peut également adopter un régime alimentaire pour ne plus avoir de déchets : à partir du moment où l’on ne consomme que des fruits et légumes, les seuls déchets restants sont organiques et compostables. Il est dès lors possible de se passer de plastique, et il est nettement plus facile de s’inscrire dans une démarche zéro déchet.
Enfin, on peut opter pour une « alimentation vivante » pour des raisons éthiques : en s’abstenant de consommer des protéines animales pour se reposer sur des protéines végétales, on ne participe plus à la tuerie quotidienne de millions d’animaux, sur terre et dans les mers. Comme pour tout changement de diète cependant, il convient de se faire suivre par un professionnel à même d’indiquer les façons d’atteindre un régime sain. Autrement, on risque des carences qui à long terme peuvent s’avérer dangereuses.