TDAH : chez les enfants nés en fin d’année, un risque accru
Selon une étude menée sur plusieurs enfants français, une tendance biaisée a été observée en termes de prescription du traitement de l'hyperactivité (TDAH) et des séances d’orthophonie. Sommes-nous face à une généralisation abusive de ces prescriptions ?
Tl;dr
- Les enfants nés en fin d’année ont plus de prescriptions de méthylphénidate.
- Les séances d’orthophonie augmentent également chez ces enfants.
- Le déficit d’attention peut être mal diagnostiqué en raison de la maturité.
- La Haute autorité de Santé examinera ces résultats pour de nouvelles recommandations.
La date de naissance influencerait-elle les prescriptions médicales ?
D’après une récente étude Epi-Phare, un regroupement de l’Agence du médicament (ANSM) et de l’Assurance maladie, les enfants nés en fin d’année se voient prescrire davantage de méthylphénidate (Ritaline et génériques). Précisons que ce médicament est couramment utilisé pour traiter les troubles de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH).
Un écart constaté dans les prescriptions médicamenteuses
Cette étude met également en lumière un fait troublant: les « natifs de décembre ont 55% de risque supplémentaire de débuter un traitement par méthylphénidate. » Elle souligne aussi que ceux-ci ont « 64% de risque supplémentaire de recevoir des séances d’orthophonie » comparativement à leurs camarades nés en janvier de la même année.
Le suivi d’une cohorte de plus de 4 millions d’enfants âgés de 5 à 10 ans, nés entre 2010 et 2016, a permis d’arriver à ces conclusions.
#Communiqué | Recours au méthylphénidate et à l’orthophonie chez les enfants âgés de 5 à 10 ans :
les natifs de la fin d’année y sont davantage exposés que ceux nés en début d’année à niveau égal de scolarité
👉 https://t.co/rTbc6I9EHk pic.twitter.com/ScJ1CBK7Vb— EPI-PHARE (@EPIPHARE) June 20, 2024
Des facteurs explicatifs possibles
Plusieurs hypothèses permettent d’expliquer ce phénomène. D’une part, les enfants les plus jeunes d’une classe pourraient se voir imposer des exigences scolaires disproportionnées à leur âge. Ces attentes pourraient, par conséquent, mener à des erreurs de diagnostic de TDAH ou de troubles d’apprentissage.
D’autre part, Alain Weill, médecin de santé publique, avance l’idée que « peut-être qu’on sous-diagnostique les troubles des élèves plus âgés qui parviennent à les «compenser» par une plus grande maturité ».
Des recommandations à venir
Fait notable, ces constatations seront prises en compte par la Haute autorité de Santé. Cette dernière doit bientôt révéler de nouvelles recommandations en matière de prise en charge du TDAH.
Il est crucial, par exemple, « de ne pas forcément affirmer qu’un enfant de CP est censé savoir lire à Noël », souligne le Dr Weill.