Un antivenin révolutionnaire offre un nouvel espoir contre les morsures de 17 serpents africains

Image d'illustration. Serpent Python jungleADN
Des chercheurs ont mis au point un nouvel antivenin capable de traiter les morsures de 17 espèces de serpents africains. Cette avancée promet d’améliorer significativement la prise en charge des victimes de morsures dans plusieurs régions du continent.
Tl;dr
- Un nouvel antivenin cible 18 espèces africaines majeures.
- La technologie des nanocorps promet plus d’efficacité et sécurité.
- Production moins coûteuse, adaptée aux régions défavorisées.
Une crise sanitaire trop longtemps oubliée
Chaque année, les morsures de serpent causent la mort de près de 150 000 personnes à travers le monde. Pourtant, ce fléau reste, pour beaucoup, un enjeu secondaire. Dans les campagnes d’Afrique subsaharienne, le nombre de victimes dépasse les centaines de milliers ; beaucoup survivent avec de lourdes séquelles, quand ils ne succombent pas faute d’avoir reçu à temps le bon traitement. Car il faut bien l’avouer : l’accès aux soins demeure incertain, et la diversité des espèces venimeuses complique tout espoir d’une réponse médicale universelle.
Les limites des antivenins traditionnels
Le problème vient en partie des méthodes actuelles de fabrication des antivenins. On continue à prélever des anticorps sur des chevaux exposés à différents venins – une technique centenaire dont les résultats varient grandement selon les lots. En outre, ces sérums présentent souvent deux défauts majeurs : ils n’agissent que sur certaines espèces précises, obligeant les soignants à identifier l’animal responsable (souvent mission impossible), et provoquent régulièrement des réactions immunitaires sévères chez les patients. Comme le souligne le professeur Andreas Hougaard Laustsen-Kiel, responsable du laboratoire à la Technical University of Denmark, cela revient presque à administrer une transfusion sanguine inter-espèces – efficace dans l’urgence, mais loin d’être sans risque.
L’innovation danoise : vers un antidote universel ?
Conscients de ces impasses, les chercheurs danois se sont tournés vers la biotechnologie de pointe : la technologie du phage display. Fini les chevaux ; désormais, ce sont des nanocorps — fragments d’anticorps inspirés de ceux trouvés chez les camélidés comme le lama — qui mènent la danse. Plus petits, plus stables et plus ciblés sur les toxines mortelles du venin, ils offrent plusieurs atouts décisifs :
- Efficacité accrue : neutralisation prouvée sur 17 espèces africaines majeures lors d’essais en laboratoire.
- Sécurité renforcée : moins de risques allergiques par rapport aux sérums classiques.
- Simplicité logistique : conservation stable même sous climat chaud et coût réduit de moitié.
Selon l’équipe du professeur Laustsen-Kiel, cette nouvelle génération pourrait bientôt permettre un traitement « dès que possible après la morsure », même en milieu isolé où chaque minute compte.
Des défis encore à relever avant la généralisation
Si cette avancée laisse espérer un tournant pour les zones rurales frappées par ce fléau, tout n’est pas joué. Les essais cliniques humains restent à venir — peut-être dès deux ans si le financement suit. L’efficacité contre certaines espèces reste partielle lorsque l’intervention est tardive ; quant à la production massive pour un déploiement mondial, elle dépendra du soutien international. Mais l’ambition est claire : offrir enfin une solution abordable et fiable là où elle manque cruellement depuis trop longtemps. Pour nombre de communautés oubliées par les systèmes mondiaux de santé, c’est tout un espoir qui renaît avec cet antivenin nouvelle génération.
