Un rapport pointe l’explosion des prescriptions de psychotropes aux enfants

Photo d'illustration. Une pluie de médicaments. qimonoo / Pixabay
Le Haut Conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge indique que ces prescriptions concernent "des dizaines de milliers d'enfants".
Les chiffres révélés lundi 13 mars dans un rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) ont de quoi laisser pantois.
En effet, le grand public est alerté sur la forte hausse des prescriptions de psychotropes pour les enfants et adolescents.
Psychotropes: 1 enfant sur 20 concerné
Ainsi, la consommation de ces produits parmi cette population a doublé en 10 ans. Dans le détail, les hausses sont de 49% pour les antipsychotiques, 63% pour les antidépresseurs et de 155% en ce qui concerne les hypnotiques et sédatifs entre 2014 et 2021.
Et pour la seule année 2021, ces augmentations sont de 16% pour les anxiolytiques, de 224% pour les hypnotiques, et 23% pour les antidépresseurs.
“Pas des cas isolés”
Le rapport de l’organisme placé auprès du Premier ministre et qui a charge de conseil précise :
Ce phénomène de sur-médication ne concerne pas des cas isolés mais bien des dizaines de milliers d’enfants. Ces niveaux d’augmentation sont sans commune mesure (2 à 20 fois plus élevés) avec ceux observés au niveau de la population générale.
Avant d’ajouter :
Les enfants sont nettement plus exposés que les adultes à la souffrance psychique et aux difficultés psychologiques, mais aussi à la médication.
Pas assez de capacités de soins
D’après le HCFEA, “L’offre pédiatrique, pédopsychiatrique et médico-sociale est en recul et ne permet plus d’accueillir dans des délais raisonnables (délais d’attente de six à dix-huit mois) les enfants et les familles”.
Et pourtant, force est de constater que “le nombre d’enfants en difficulté psychique augmente”, non seulement par absence de soins appropriés, mais aussi à cause de “la crise sanitaire, la guerre en Ukraine, l’éco-anxiété”.
Hausse des hospitalisations en urgence
D’où une “aggravation de l’état de santé des enfants”, une “augmentation des hospitalisations en urgence, des passages à l’acte suicidaires et de suicides chez l’enfant et l’adolescent”.
Sylviane Giampino, vice-présidente du HCFEA, a expliqué à l’AFP :
Les recommandations des autorités de santé en France sont de proposer en première intention des pratiques psychothérapeutiques, un accompagnement psychologique, éducatif et social. Les médicaments n’arrivent qu’en dernière instance et en complément. Or il s’avère que des enfants peuvent prendre des psychotropes et ne pas accéder à ces aides complémentaires.