Un odorat “incroyable”, pour les chiens de la police scientifique
Une étude américaine montre que l’odorat des chiens de la police scientifique est “incroyable”.
INFO – L’odorologie ou science des odeurs, est une technique utilisée principalement dans le domaine criminologique pour l’identification judiciaire. La technique repose sur l’analyse des odeurs par des chiens afin notamment de confondre les criminels ou d’identifier l’odeur d’objets (explosifs, stupéfiants).
L’odorat des chiens est depuis longtemps utilisé par la police (repérage de drogue, d’explosifs, d’armes, corps de disparus, identification de criminels) ou les services de sauvetage (corps ensevelis sous les avalanches). Dès 1910, l’expert canin Friedo Schmidt décrit dans son livre Verbrecherspur und Polizeihund (« Les criminels de piste et le chien de la police ») comment les odeurs laissées par un criminel sur une scène de crime peuvent être stockées dans des bocaux en verre à des fins d’identification.
L’odorologie canine, en tant que technique criminalistique, s’est développée grâce aux travaux d’un médecin hongrois dans les années 1970 puis dans les pays d’Europe de l’Est pendant la guerre froide, notamment pour identifier des dissidents. Connue des pays d’Europe de l’Ouest depuis le début des années 1980, des équipes de maîtres-chiens ont été se former en Roumanie et en Hongrie depuis leur intégration européenne. Elle est testée par la police française depuis 2001, validée par Interpol en 2002 et opérationnelle depuis 2003 mais elle reste réservée uniquement aux crimes jusqu’à présent. Excepté en Hongrie, cette technique empirique, utilisée en 2009 par une vingtaine de pays3, n’est pas considérée comme une preuve judiciaire. La France a traité 307 dossiers d’odorologie depuis 2003 (année qui a permis de confondre un violeur d’une fillette), avec 117 identifications positives (taux d’identification de 38 %, supérieur aux autres techniques). Cette méthode est notamment utilisée par les cynotechniciens du laboratoire de la police scientifique d’Écully hors procédure judiciaire en complément d’autres techniques d’identifications et le CNRS tente actuellement de la valider scientifiquement. Une étude menée par des médecins français en 2010 a montré qu’on pouvait entraîner des races de chiens à distinguer l’urine d’hommes sains et d’hommes atteints d’un cancer de la prostate. (source wikipedia)
Le flair des chiens de la police est plus que fiable
Les chiens de la police technique et scientifique disposent d’un “incroyable” odorat lorsqu’il s’agit de démontrer la présence d’un suspect sur le lieu d’une infraction, grâce à un entraînement drastique qui leur permet de recueillir des preuves quasi infaillibles, selon une étude à paraître jeudi.
Publiée dans la revue en ligne américaine PLOS ONE et menée par le Centre de recherche en neurosciences de Lyon qui associe des scientifiques du CNRS, de l’université Lyon-1 Claude-Bernard et de l’Inserm, l’étude démontre “qu’au terme d’un programme d’entraînement de 24 mois, les chiens parviennent à reconnaître l’odeur d’une même personne dans 80 à 90 % des cas et ne commettent jamais d’erreur en la confondant avec des odeurs de personnes différentes”.
Les scientifiques lyonnais ont analysé 18.200 essais réalisés entre 2003 et 2013 par 13 chiens de la Sous-Direction de la police technique et scientifique (SDPTS) basée à Ecully, près de Lyon, précise Barbara Ferry, chercheur au CNRS.
Ces travaux entendent valider les procédures et le cahier des charges qui composent la formation initiale et continue des bergers allemands et belges malinois utilisés par la SDPTS, dont le nombre sera bientôt porté à cinq. “Il n’y a pas de machine qui puisse faire mieux ou plus rapidement que les chiens dont la tâche est l’identification”, relève Mme Ferry.
En soulignant sa “fiabilité”, l’étude vise in fine à lever les réticences à considérer la détection et la reconnaissance d’une odeur par un chien comme élément de preuve devant la justice, ce qui n’est pas toujours le cas.
“essentiel” pour convaincre la justice
Selon Elvire Arrighi, chef de la division de la criminalistique et des unités opérationnelles au sein de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), si certaines preuves scientifiques sont communément admises à l’instar des empreintes ou de l’ADN, l’odorologie, méthode d’identification des odeurs humaines par des chiens spécialement entraînés, utilisée depuis 2003 en France pour démontrer la présence d’un individu sur une scène de crime, rencontre l’adhésion de certains magistrats quand “d’autres sont plus sceptiques”.
“C’est une étude tout à fait essentielle pour convaincre” magistrats et jurés “car elle démontre qu’il n’y a aucun doute sur la fiabilité” de la méthode, souligne la commissaire.
Lors de leur première année de formation, les chiens de la PTS “flairent une odeur humaine de référence puis doivent la comparer à une série de cinq odeurs humaines différentes parmi lesquelles se trouve l’odeur de référence. Lorsque le chien exprime la reconnaissance entre les deux odeurs (en se couchant devant le bocal qui contient l’odeur de référence), il est récompensé par une friandise ou par un jeu”, expliquent les chercheurs du Centre de recherche en neurosciences de Lyon dans un communiqué.
“A l’issue des douze premiers mois, les chiens ne commettent plus aucune erreur de reconnaissance. Et leur sensibilité olfactive augmente significativement au cours de l’entraînement”, complètent les scientifiques.
Connues depuis la fin du XIXe siècle, les techniques d’odorologie ont été importées en France depuis la Hongrie et ont été utilisées depuis 2003 dans plus de 500 affaires.