Alerte sur un médicament détourné pour faire “grossir les fesses”

Photo d'illustration. Des médicaments. Pixabay
Des influenceuses mettent en avant les mérites d'un antiallergique disponible en vente libre, normalement destiné aux personnes allergiques.
La cyproheptadine, vendue entre autres sous le nom de marque Periactine, est un antihistaminique dont le détournement inquiète les spécialistes.
Sur les réseaux sociaux, ce n’est pas ce bénéfice qui est mis en avant mais celui de rapide prise de poids, et surtout “des fesses”. Seulement, ce détournement est loin d’être dépourvu de risques.
L’obsession des “formes”
Une boîte de ce médicament normalement destiné aux allergiques coûte moins de dix euros, et son accessibilité est d’autant plus importante qu’elle n’est plus prescrite, et qu’elle est en vente libre.
Une des jeunes femmes présente sur les réseaux sociaux témoigne :
Moi qui ne mangeais plus, j’ai tout le temps faim, même dans mon lit je mange (…) Ça marche trop bien, ça fait grossir tout de suite.
Un rapport bénéfices/risques à réévaluer
Même si certains d’entre eux peuvent aussi s’avérer dangereux, la cyproheptadine n’est donc pas un complément alimentaire mais bien un médicament.
À la fin du mois de mars, la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT) a alerté sur cette utilisation, indiquant ainsi que “le rapport bénéfices/risques de la cyproheptadine devrait être réévalué en vue du retrait de son autorisation de mise sur le marché ou au minimum de son inscription sur une liste à prescription obligatoire”.
L’ANSM évalue la situation
À l’AFP, l’Agence de sécurité du médicament (ANSM) confie ne pas pouvoir mesurer d’“augmentation des ventes” mais indique analyser la situation, avant éventuellement d’engager des “actions graduées” pour freiner la tendance.
Le Dr Laurent Chouchana, en charge de la pharmacovigilance de cette molécule et membre de la SFPT, raconte encore : “On a découvert des apprentis sorciers qui faisaient des prescriptions médicales incroyables, dans le but de ressembler à Kim Kardashian, à la limite de l’exercice illégal de la médecine”.
Le spécialiste précise les risques encourus par la prise de cette molécule. Si elle est à l’origine“la plupart du temps de somnolences”, il peut aussi s’agir de convulsions, hallucinations et “des effets plus graves comme des problèmes hépatiques, sanguins, cardiaques, notamment s’il y a surdosage, ce qui est le cas si l’on se base sur les doses proposées dans les vidéos sur Internet”.