C’est un virus qui a fait échouer la greffe d’un cœur de porc sur un humain
Le premier patient à avoir reçu une greffe de cœur d'un porc génétiquement modifié est décédé deux mois après l'opération.
Une greffe qui avait fait grand bruit. Le 10 janvier dernier, l’école de médecine de l’université du Maryland annonçait avoir réussi la transplantation du cœur d’un porc, génétiquement modifié, sur un patient humain.
Il s’agissait alors d’une première mondiale, et de démontrer par la même occasion qu’un cœur animal était susceptible de fonctionner dans un corps humain sans rejet immédiat. David Bennett, le receveur de 57 ans avait été déclaré inéligible à recevoir une greffe humaine.
Un décès deux mois plus tard
Seulement, le 8 mars dernier, la mort de David Bennett était annoncée. La cause exacte de son décès n’était pas déterminée avec précision, jusqu’à ce jour : “Nous commençons à comprendre pourquoi il est décédé”, explique pour la revue du MIT Bartley Griffith, chirurgien spécialiste des greffes au sein de l’école de médecine de l’Université du Maryland.
Il indique que le cœur porcin de M. Bennett aurait été infecté par un cytomégalovirus porcin, une infection évitable susceptible d’effets dévastateurs sur les greffes. Ce virus est endogène à tous les porcs, mais les chercheurs ont indiqué qu’ils n’avaient pas connaissance d’une quelconque transmission de ce virus à l’homme. Mais selon le Dr Griffith, ce virus “était peut-être l’acteur, ou pourrait être l’acteur, qui a déclenché tout cela”. De précédentes tentatives de greffes sur des babouins s’étaient en effet souvent avérées être des échecs en raison, justement, de ce virus.
Un virus difficile à éradiquer
Toutes les traces du virus sont compliquées à éliminer à cause du système immunitaire du donneur qui est généralement inhibé intentionnellement pour réduire les risques de rejet. “S’il s’agissait d’une infection, nous pouvons probablement l’empêcher à l’avenir”, espère encore le spécialiste.
Pour autant, si cette première mondiale a connu une fin tragique, elle a démontré que de nouveaux espoirs étaient permis en la matière, estime Bartley Griffith: “C’est une avancée chirurgicale majeure et qui nous rapproche encore un peu plus d’une solution à la pénurie d’organes”. Rien qu’aux États-Unis, un peu moins de 110 000 citoyens se trouvent à ce jour en attente d’une greffe d’organe.