Colombie : suspension des fumigations des champs de drogue
Le président colombien Juan Manuel Santos a ordonné samedi de suspendre la fumigation aérienne des plantations de drogue, en raison de l’alerte lancée sur les risques sanitaires de l’herbicide utilisé. “Je vais demander aux fonctionnaires du gouvernement qui font partie du Conseil national des stupéfiants (CNE) de suspendre, lors de leur prochaine réunion (vendredi 15), l’usage du glyphosate dans les aspersions contre les cultures illicites”, a annoncé le chef de l’Etat.
Probable cancérigène
Juan Manuel Santos a expliqué avoir pris la décision après la recommandation émise il y a deux semaines par le ministère de la Santé, qui avait prôné un moratoire. Une recommandation qui suivait l’annonce en mars par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qu’elle classait l’herbicide comme “probable cancérigène”. Le glyphosate est présent notamment dans le Roundup, commercialisé par Monsanto.
“Les recommandations et les études parvenues au ministère de la Santé montrent clairement que oui, ce risque existe”, a reconnu le président de droite. Le CNE, dont font partie plusieurs ministres du gouvernement, devra définir, avant le 1er octobre, une nouvelle feuille de route contre les cultures illicites, au lieu de ces aspersions.
“Je veux être très clair: qu’on n’interprète pas cela comme un signe que nous allons baisser la garde dans la lutte contre le trafic de drogue”, a assuré M. Santos.
Les fumigations se sont surtout concentrées dans le sud du pays
Longtemps premier producteur mondial de cocaïne avec le Pérou, qui vient de la dépasser, la Colombie recourt depuis des décennies aux aspersions aériennes contre les champs de coca, la plante servant à fabriquer cette drogue, dans le cadre d’un plan de lutte antidrogue financé par les Etats-Unis.
Les fumigations se sont surtout concentrées dans le sud du pays, fief de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), accusée par les autorités de se financer via le trafic de drogue. Les Farc elles-même avaient appelé récemment à cesser les fumigations.
Ce dossier explosif pourrait toutefois prendre une tournure diplomatique en froissant les Etats-Unis, qui ont fourni des avions et les pilotes pour les fumigations et ne voient pas d’un bon œil la fin de ce dispositif.