Expositions aux pesticides des agriculteurs : des manquements énormes
L'ANSES a très discrètement publié un rapport très attendu sur l'exposition des travailleurs agricoles aux pesticides. Le rapport ne peut que constater les manquements colossaux de données et les failles à l'évaluation.
Il aura fallut cinq ans à l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) pour publier le très attendu rapport concernant l’exposition des travailleurs agricoles aux pesticides. Le rapport ne peut que constater les failles béantes et les quelques données disponibles sont souvent publiées par des « organismes non indépendants » ayant un intérêt financier dans ces produits.
Un rapport que l’on voulait cacher
Les pesticides font l’objet d’un lobbying extrêmement agressif de la part des grands laboratoires qui les commercialisent. Ceux-ci luttent notamment avec acharnement contre les tentatives d’interdiction de leurs produits du fait de leur nocivité pour l’homme et pour l’environnement.
Les différents reports de la publication du rapport de l’ANSES, le fait qu’il soit finalement publié en toute discrétion pendant les vacances sans conférence ni même communiqué de presse en dit long sur l’emprise de ces lobbys sur ce rapport dérangeant. Selon l’agence de sécurité, un véto interne « émanant de deux experts du groupe de travail ayant mené cette expertise » a permis de retarder la publication en pleine période estivale.
Un rapport accablant et très incomplet
Finalement, le volumineux rapport ne fait qu’un constat d’échec cuisant. En effet, les experts pointent du doigt la quasi absence d’étude portant sur l’exposition des agriculteurs aux pesticides. Pire encore, les scientifiques estiment que parmi le peu d’études disponibles, un grand nombre de celles-ci auraient été « produites par des organismes non indépendants« . En clair, elles auraient été indirectement produites par les laboratoires qui commercialisent ces produits et ont un intérêt économique majeur dans ces pesticides.
L’agence pointe du doigt par ailleurs les exigences de confidentialités imposées par les laboratoires ne permettant ainsi pas à l’agence de sécurité « de traiter correctement les enjeux de santé publique« . Le rapport précise que la France est pourtant l’un des pays qui abuse le plus des pesticides et que « plus d’un million de professionnels du secteur agricole sont potentiellement exposés aux pesticides« .