Inédit : un essai clinique a donné lieu à 100% de guérison d’un cancer particulier
Le cancer a disparu chez chacun des 12 patients de cet essai. Cependant, on ne sait pas encore si la guérison est définitive.
Des résultats qui donnent le vertige, de l’aveu même du docteur Luis A. Diaz Jr. du Memorial Sloan Kettering Cancer Center de l’Etat de New York : « Je crois que c’est la première fois que cela se produit dans l’histoire du cancer ».
Dimanche, le New England Journal of Medecine a relayé les résultats d’un essai clinique qu’il a mené en compagnie d’autres médecins. Il concernait 18 patients aux Etats-Unis, tous atteints d’un cancer colorectal. Et tous avaient déjà vécu des traitements lourds, à base de chimiothérapie, radiothérapie.
100% de réussite
Tous les patients étaient traités pour un cancer du rectum non métastatique avec du dostarlimab, qui est un anticorps monoclonal d’immunothérapie produit par une biotech rachetée par le géant pharmaceutique GSK. Le New York Times a précisé que ce médicament onéreux (11 000 dollars la dose) « démasque les cellules cancéreuses, ce qui permet au système immunitaire de les identifier et de les détruire ».
Douze patients sur les 18 au total ont reçu ce médicament, une fois toutes les trois semaines. Et tous sont en rémission six à vingt-cinq mois après le traitement. Et qui plus est, sans les les désagréments liés à la chimiothérapie ou la chirurgie.
Quelles limites à ces résultats ?
Si ce taux de 100% de réussite impressionne à juste titre, il convient de rappeler le faible nombre de patients de l’étude. Et ceux-ci étaient affectés d’une forme particulière de cancer. Ouest-France rapporte les explications de la Dre Esma SAADA-BOUZID, du Département d’Oncologie Médicale du Centre Antoine Lacassagne à Nice et qui n’a pas participé à l’étude : « Avec une instabilité microsatellitaire, qui concerne 5 % des tumeurs du rectum. On sait que c’est un bon marqueur de l’efficacité de ce type d’immunothérapies. C’est même devenu le standard de traitement dans la maladie à son stade avancé ». Néanmoins, elle concède : « Si les résultats se confirment, cela va révolutionner le traitement de ce sous-groupe de cancers colorectaux ».
Et il se trouve que cette anomalie tumorale est aussi présente dans des cancers d’autres types. Et la spécialiste de se demander : « Faut-il la rechercher dans toutes les tumeurs, dès le stade curable ? ».
L’on ne sait pas non plus à ce stade si le cancer reviendra chez ces patients. En France, ce médicament est connu sous un autre nom, le Jemperli et il est indiqué pour les patientes atteintes d’un cancer de l’endomètre, récidivant ou avancé. Il y a quelques mois, la Haute autorité de Santé (HAS) avait émis un avis défavorable à son remboursement en arguant de « l’absence de données comparatives robustes », du « caractère très préliminaire des données d’efficacité disponibles » mais aussi d’« une prise de risque plus importante que pour les médicaments dont l’efficacité est fondée ».