Selon une étude, l’IMC échoue à prévoir le risque de mortalité, un autre indicateur s’avère fiable

Image d'illustration. Poids balanceADN
Une récente étude remet en question la fiabilité de l’indice de masse corporelle (IMC) pour évaluer le risque de mortalité. Les chercheurs pointent un autre indicateur, jugé plus pertinent pour anticiper les risques pour la santé.
Tl;dr
- Le BMI est un indicateur de santé peu fiable.
- Le pourcentage de masse grasse prédit mieux le risque de mortalité.
- De nouveaux outils permettent de mesurer ce taux rapidement en cabinet.
BMI : un indicateur remis en question
Depuis des décennies, le BMI – ou indice de masse corporelle – s’impose comme référence dans les cabinets médicaux pour évaluer la santé pondérale. Pourtant, une nouvelle étude parue dans les Annals of Family Medicine soulève d’importantes réserves sur sa fiabilité. Ce calcul simple, issu du rapport entre le poids et la taille, a longtemps permis aux médecins d’estimer le risque de maladies métaboliques telles que le diabète ou les affections cardiovasculaires. Cependant, comme le souligne le Dr Wajahat Mehal du programme métabolique de l’Université Yale, « plus cet indice grimpe, plus la probabilité de maladies augmente ». Mais la réalité semble bien plus nuancée.
Mieux comprendre les limites du BMI
Des voix médicales croissantes pointent aujourd’hui l’incapacité du BMI à prendre en compte des paramètres essentiels : l’âge, le sexe ou encore la répartition réelle entre graisse et muscle. Le Dr Shiara Ortiz-Pujols (Northwell Health’s Staten Island University Hospital) rappelle que certains athlètes affichent un BMI élevé dû à une musculature développée… sans être exposés pour autant aux mêmes risques que des personnes présentant une masse grasse importante. À l’inverse, d’autres individus arborant un BMI « normal » peuvent souffrir d’affections graves telles que l’hypertension ou la stéatose hépatique non alcoolique. Le phénomène porte même un nom : « obésité de poids normal », parfois qualifiée de « skinny fat ».
L’alternative : mesurer la masse grasse directement
Face à ces biais, des chercheurs de l’Université de Floride ont exploré si un autre indicateur pouvait mieux prédire le risque de mortalité. Leur analyse portant sur plus de 4 200 adultes suivis pendant deux décennies met en avant une corrélation frappante :
- Aucun lien significatif n’existe entre “obésité” selon le BMI et risque accru de décès toutes causes confondues.
- Un taux élevé de masse grasse (≥27 % chez l’homme, ≥44 % chez la femme) augmente ce risque de 78 %.
- Le tour de taille reste utile mais moins précis que la masse grasse totale.
La mesure s’effectue simplement grâce à l’analyse d’impédance bioélectrique, méthode rapide — moins d’une minute — et indolore.
Vers une évaluation plus complète et individualisée ?
Le professeur Arch Mainous espère voir se généraliser cette pratique dans les cabinets médicaux. Selon lui, « doser directement la masse grasse offre un outil supérieur au BMI pour prévenir les maladies chroniques et prédire la mortalité ». Bien entendu, il n’est pas question d’abandonner totalement le BMI qui demeure un repère accessible ; toutefois, multiplier les mesures — tension artérielle, cholestérol sanguin ou tour de taille — permettrait enfin d’appréhender la santé sous toutes ses dimensions et non au prisme unique d’un chiffre trop souvent simpliste.
