Face à l’obésité, les experts appellent à une transformation totale de nos habitudes

Image d'illustration. Le phénomène de surpoids.ADN
Face à la progression alarmante de l'obésité, des spécialistes estiment qu’il est nécessaire de revoir en profondeur nos modes de vie, nos habitudes alimentaires et notre environnement pour espérer inverser cette tendance préoccupante.
Tl;dr
- L’obésité est une affliction complexe et chronique, pas une simple question de volonté.
- Les stratégies actuelles se concentrent trop sur le blâme individuel.
- Une approche systémique, empreinte de compassion est nécessaire, et ce, très rapidement.
Un système qui encourage l’obésité
La question de l’obésité en Angleterre ne se résume plus à une affaire de volonté individuelle. Le célèbre adage « mangez moins, bougez plus » paraît aujourd’hui dépassé. Près de 26,5 % des adultes et 22,1 % des enfants de dix à onze ans sont touchés dans le pays – un chiffre qui interpelle autant les autorités sanitaires que les chercheurs. Si le diagnostic était autrefois centré sur le comportement personnel, il devient évident que la réalité est bien plus complexe : influences génétiques, parcours de vie, contexte économique ou encore normes culturelles pèsent tout autant dans la balance.
Lourdes conséquences économiques et sociales
Les chiffres sont alarmants. Selon un nouveau rapport, le coût annuel lié au surpoids et à l’obésité atteindrait les 126 milliards de livres sterling. Cette somme se répartit entre pertes de qualité de vie (71,4 milliards), frais médicaux pour le NHS (12,6 milliards), chômage (12,1 milliards) et aide informelle (10,5 milliards). D’ici 2035, la facture pourrait grimper jusqu’à 150 milliards si rien ne change. Pourtant, face à cette urgence financière et humaine, la majorité des politiques publiques britanniques persistent à traiter le sujet comme un simple problème d’hygiène de vie, misant sur la responsabilité individuelle.
L’environnement : facteur clé mais sous-estimé
Ce parti pris occulte un point essentiel : l’environnement joue un rôle prépondérant. L’omniprésence d’aliments ultra-transformés bon marché et pauvres en nutriments façonne un véritable « environnement obésogène ». Les inégalités sociales renforcent ce phénomène ; dans les quartiers défavorisés, l’accès à une alimentation saine ou à des espaces verts reste limité. Dès lors, prendre du poids s’apparente souvent à une réponse biologique normale face à une situation anormale – une réalité que décrivait déjà le rapport Foresight du gouvernement en 2007.
Parmi les mesures jugées indispensables par plusieurs experts et militants :
- Extension de la taxe sur le sucre aux produits ultra-transformés ;
- Encadrement strict de la publicité pour la malbouffe ;
- Refonte des recettes industrielles pour limiter les excès nocifs.
Repenser l’accompagnement et lutter contre la stigmatisation
Au-delà des réformes structurelles, il est urgent d’adopter une approche holistique et sans stigmatisation. Considérer l’obésité comme une maladie chronique, proposer un suivi personnalisé tenant compte du contexte social et psychologique de chaque patient : telles sont les recommandations portées par le NICE ou l’Obesity Health Alliance. La formation des professionnels pour combattre les préjugés est tout aussi cruciale afin d’assurer un accueil digne partout – y compris à l’hôpital ou à l’école.
Finalement – et c’est peut-être là tout l’enjeu –, sortir du cercle vicieux culpabilisant suppose d’assumer collectivement que l’obésité ne relève pas simplement d’un choix individuel. Pour éviter une crise sanitaire majeure évaluée à plusieurs dizaines de milliards chaque année, il s’agit désormais de privilégier une réponse globale : plus ambitieuse, respectueuse… et enfin alignée avec la science contemporaine.
