Une étude remet en cause les fondements mêmes des traitements actuels contre la psychose

Image d'illustration. Femme divan psychologueADN
Une étude récente remet en question l’efficacité des traitements actuels contre la psychose, suggérant que leurs fondements pourraient comporter des failles majeures. Les résultats invitent à repenser l’approche médicale pour mieux répondre aux besoins des patients.
Tl;dr
- Psychose : mêmes altérations cérébrales malgré des diagnostics différents.
- Dopamine impliquée dans la sévérité des symptômes.
- Vers une psychiatrie de précision, au-delà des catégories.
Des frontières diagnostiques remises en question
Le traitement de la psychose s’appuie depuis longtemps sur une classification stricte en catégories telles que la schizophrénie, le trouble bipolaire ou la dépression sévère. Pourtant, une étude récente publiée dans JAMA Psychiatry vient semer le doute sur cette approche. Des chercheurs britanniques – parmi lesquels le professeur Sameer Jauhar (Imperial College London) et Robert McCutcheon (University of Oxford) – avancent que les mécanismes cérébraux à l’origine des symptômes psychotiques seraient remarquablement similaires d’un diagnostic à l’autre.
L’apport de l’imagerie cérébrale
Au cœur de ces travaux, une observation : les outils d’imagerie avancée ont permis d’étudier le métabolisme de la dopamine, ce neurotransmetteur central dans la gestion de la motivation et de la récompense. Chez trente-huit personnes vivant leur premier épisode psychotique associé à des troubles de l’humeur, les chercheurs ont comparé le cerveau à celui de volontaires sains. Résultat ? Si les patients en phase maniaque présentaient une activité dopaminergique élevée dans les régions émotionnelles, tous affichaient une synthèse accrue dans les zones liées à la réflexion et à la planification — corrélée à la sévérité des hallucinations et délires.
Une prise en charge à réinventer
Ces constats conduisent à s’interroger : pourquoi deux personnes présentant des symptômes identiques reçoivent-elles parfois des traitements radicalement différents selon leur étiquette diagnostique ? Selon les auteurs, il serait plus pertinent d’adapter les prescriptions aux altérations cérébrales propres à chaque individu. Cette évolution vers une « psychiatrie de précision » – déjà en marche en oncologie – pourrait révolutionner la prise en charge :
- Mieux cibler les circuits émotionnels ou cognitifs selon le profil.
- Diminuer le temps d’errance thérapeutique et ses souffrances.
- Limiter les effets indésirables liés aux essais successifs de médicaments.
Nouveaux horizons pour la psychiatrie moderne
Bien entendu, ces résultats devront être confirmés auprès d’échantillons plus larges avant toute inflexion majeure des pratiques cliniques. Les diagnostics classiques gardent toute leur utilité pour organiser le système de soins ou faciliter l’accès aux traitements. Mais l’avenir semble se dessiner ailleurs : comme le souligne l’équipe britannique, si notre cerveau ne se conforme pas toujours aux frontières établies par la médecine, il devient urgent d’ajuster nos interventions thérapeutiques pour répondre avec plus de finesse à la réalité biologique du trouble psychotique.
