Laboratoire P4: Manuel Valls inaugure l’extension d’un centre consacré aux virus les plus dangereux
le Premier ministre Manuel Valls a inauguré ce lundi l’extension ultra-sécurisé du centre de Lyon, le P4 Inserm/Jean-Mérieux. Ce laboratoire P4 est le premier centre européen d’étude des virus les plus dangereux, comme celui Ebola.
Un investissement d’un montant de 11 millions d’euros
Son extension de 200 mètres carrés, coiffant le parallélépipède vitré initial, double la surface du laboratoire situé dans le parc scientifique biopôle de Gerland, explique l’Institut national de la santé et de la recherche médicale.
L’investissement, d’un montant de 11 millions d’euros, consacre l’unité lyonnaise comme le “plus grand laboratoire européen de haute sécurité biologique”, se félicite l’Inserm. Il va permettre de “séparer les activités de recherche et de diagnostic”, d'”abriter une animalerie” et d'”accroître les capacités d’expérimentation et de formation”.
“Cela permettra aussi de créer une zone spécifiquement dédiée aux bactéries pathogènes, comme les souches multirésistantes de tuberculose”, souligne à l’AFP le directeur du P4 Hervé Raoul. Leur examen était impossible auparavant car “on ne mélange pas dans la même pièce virus et bactéries, les équipements n’étant pas les mêmes”, dit-il.
“Cela va donner de l’espace pour travailler, car on faisait la queue pour faire des travaux dans le P4”, se félicite pour sa part le Pr Bruno Lina, directeur du Centre national de référence sur la grippe. D’autant que durant les huit semaines d’arrêt de maintenance, tous les 18 mois, les chercheurs travaillant sur les virus Ebola, ou autres fièvres hémorragiques mortelles, n’avaient plus accès au laboratoire.
“Ca permettra de faire une bascule avec deux structures indépendantes pour que les activités ne cessent jamais”, ajoute M. Lina pour qui “c’est un appel d’air pour des projets européens de recherche compliqués avec un nombre important d’équipes extérieures”. Mis en service en octobre 2000, ce laboratoire ultra-sécurisé abritant des agents pathogènes de classe 4 (les plus virulents comme ceux d’Ebola, Marburg, Nipah, Hendra, Congo-Crimée, Lassa…), est né de la volonté visionnaire de Charles Mérieux, décédé en 2001, qui l’a financé à hauteur de 50 millions de francs via la fondation de son empire pharmaceutique.
‘Unique au monde dans son organisation’
“Il voulait que ce soit un lieu où on développe des programmes pour aider les pays en voie de développement où sévissent ces maladies”, rappelle Hervé Raoul. “Il pensait que nos pays du Nord pouvaient un jour être confrontés à ces maladies pathogènes et avoir besoin de ces infrastructures, ce qui est le cas aujourd’hui”.
Depuis janvier 2004, la Fondation Mérieux a transféré la gestion du P4 à l’Inserm qui l’a ouvert à “l’ensemble de la communauté scientifique”, explique le directeur pour qui cela le rend “unique au monde dans son organisation”.
A ce jour, il existe seulement une vingtaine de laboratoires P4 civils dans le monde, notamment aux Etats-Unis et en Europe.
Le P4 actuel est divisé en trois sous-unités, deux pour la culture cellulaire et la troisième pour l’expérimentation animale. Hermétiques et filmées en permanence, ces unités sont dépressurisés pour empêcher tout diffusion des virus vers l’extérieur. Et les souches de virus sont conservées dans l’azote liquide dans des cuves verrouillées.
Derrière des vitres blindées, les chercheurs travaillent, équipés d’un scaphandre climatisé sur mesure, maintenu en surpression pour les protéger de toute contamination et alimenté en air pur par un tuyau jaune relié au plafond. Et pour entrer ou sortir du laboratoire, ils traversent un sas de décontamination. “Pour des raisons de sécurité, ils travaillent par demi-journées car il faut pouvoir être concentré en permanence”, observe M. Raoul.
Outre la vingtaine de personnes chargées du fonctionnement du P4, ce dernier “est ouvert à toute la communauté scientifique nationale et internationale qui a des projets à haute valeur ajoutée, répondant à des problématiques sanitaires”, explique-t-il. Ces scientifiques “reçoivent d’abord une formation de base de trois semaines, avant d’être évalués et de travailler sous la tutelle d’un senior”.